dimanche 20 juin 2010

Deuxième traversée : Alghero (Sardaigne)- Mahon (Baléares)

80 heures pour parcourir 180 miles, un record de vitesse (2,25 noeuds de moyenne)!

Départ hésitant
Cette fois, c’est la bonne semblent nous dire les fichiers météo. Nous risquons certe de ne pas avoir beaucoup de vent, mais dans ce cas-ci, mieux vaut trop peu que trop, au pire, on fera du moteur.
Nous remplissons donc nos jerricans de gazoils et nous quittons le petit port d’Alghero en début d’après-midi. Les premières heures sont en effet assez pétoleuses. Nous avançons au moteur à 5 nœuds sous un soleil écrasant et une mer plate. Le moteur tourne plus ou moins rond même si des bruits un peu étrange nous inquiètent quelque peu. Mais ceux-ci vont et viennent et on a l’impression qu’on ne peut pas y faire grand-chose. On continue donc, un peu hésitant, en se disant que la pétole, c’est quand même pas super. Au bout de trois/quatre heure, on en a carrément marre et on hésite à faire demi tour. De toute façon, on aura pas assez de gazoil pour faire toute la traversée sans vent . A ce moment là, une petite brise gonfle nos voile, on est au portant, on envoit le spi et on avance à 4 nœuds sous le soleil couchant. Cool, c’est bon, on est vraiment partis…

Sous les orages
Le vent s’établit et on trace sous spi à 6 nœuds. Le sourire est revenu et nous sommes confiants pour la suite. On affale le spi avant la nuit et on se prépare un risotto, histoire d’avoir un truc consistant à manger pour les prochaines 24h. Mais au loin, de gros nuages noirs nous barrent la route. Ils ont une tête pas très catholique et on se déroute à leur vent en espérant les éviter. Mais c’est trop tard et bientôt nous nous retrouvons sous une pluie battante, entourés de part et d’autre par de magnifiques éclairs. Si nous n’avions pas été juste en dessous, nous aurions même pu trouver cela beau, mais là, c’était carrément flippant. Je m’agrippe à la barre et on cherche le chemin le plus court pour sortir de ce merdier. Un coin de ciel clair se dégage autour d’un croissant de lune rousse. Nous faisons cap vers la lune et les étoiles, le bateau trace, la mer est plate. Il est minuit lorsque ces orages sont enfin derrière nous, je rentre dormir quelques heures et je laisse Jhe seul à la barre.

Le jour le plus long
Je reprends mon quart quatres heures plus tard. La bateau avance paisiblement par force 3 et ciel étoilé. Il fait bon, la mer est belle, Jhe va dormir (NdJ : Jhe essaye d'aller dormir). Au lever du jour, le vent faiblit progressivement, puis, lorsque le bateau n’avance plus qu’à 1,5 nœuds, je me résigne à rallumer le moteur. Mais celui-ci ne fait plus avancer le bateau. Il tourne, il fait du bruit, mais on reste sur place (en fait, on avance un peu mais beaucoup moins que ce qu’on aurait pu espérer). On continue à forcer un peu sur ce moteur jusqu’à ce que ça ne serve plus à rien. Il est mort à nouveau !
Bon, on a parcouru 80 milles, il nous en reste une bonne centaine, 100 milles sans moteur, on l’a déjà fait, rien n’est perdu. Mais cette fois, les choses s’annoncent plus difficile. En effet, Eole hiberne en cette saison et bientôt le bateau dérive sans force propulsive au gré des vaguelettes…. Flop, flop, les voiles passent d’un bord à l’autre sans nous faire avancer d’un pouce. Le soleil tape, il fait très chaud et on commence à se demander pendant combien de temps on va être coincé au milieu de toute cette eau, sans pouvoir aller se dégourdir les jambes où se mettre à l’ombre d’un arbre. On pense aux naufragés sur leurs bateau dérivant et on se dit que vraiment, ça ne doit pas être très rigolo. On passe du temps à essayer de fignoler nos réglages de voiles, à attraper la petite risée, à enrouler et dérouler le génois pour tenter vaille que vaille de dépasser la vitesse fulgurante de 0,5 nœuds (à ce rythme là, on arrive dans 20 jours !). Puis on laisse tomber, on essaie de faire des siestes, d'économiser nos forces, on regarde combien il nous reste d’eau, de bouffe, ça va, on a de quoi tenir, mais 20 jours, ça semble un peu long. Ça tape sérieusement sur le système et on arrive pas trop à se détendre. On mange des restes de risotto pas très bon, on scrutte le vent, on l’implore de revenir. En même temps, je m’inquiète un peu car un coup de mistral est annoncé pour dans quelques jours. Normalement, on devrait être arrivé, mais sinon, on risque de se retouver en mer par force 9, putain qu’est-ce qu’on fout là, des vacances tu parles, tu plaisantes plaisancier ! C’est pas du tout le pied.

Coucher du soleil, du vent et des orages
Vers 21 heures, le soleil se couche et le vent repointe le minuscule bout de son nez, on avance péniblement à 2 nœuds mais c’est mieux que rien. A nouveau des nuages d’orage se rapprochent de notre bateau mais cette fois, nous arrivons à les éviter. On est au près pour le reste de la nuit, trop au sud par rapport à notre route directe, on va sans doute devoir tirer des bords ce qui rallonge encore la route. Pff, gardons le moral, on va y arriver !

Les crabes à la mer ! (Presse étoupe, tourteau et moteur qui prend l’eau)
Petit à petit, Eole sort de sa sieste et le bateau avance à nouveau à trois puis quatre nœuds. Youpie ! Sauf que, lorsqu’on atteint la vitesse de 4,5 nœuds, un bruit étrange assorti d’une odeur nauséabonde sort du moteur. Enfin, notre vitesse de pointe n’a durée que quelques minutes et dès qu’on redescend en dessous de 4 nœuds, les signes inquiétants disparaissent. Je commence à stresser un peu avec ce moteur moi, mais pour l’heure, il faut que j’aille dormir. Le jour se lève et cette fois, Eole n’en profite pas pour aller se coucher, il reste mollement avec nous. On avance au près à 2 nœuds pendant plusieurs heures, mais on avance et le moral est meilleur. A cette vitesse là, on y sera dans 30 heures. La fatigue commence à se faire sérieusement sentire et on navigue le plus possible en car pour tenter de se reposer. Vers 15 heures, un nuage passe au dessus de nos tête et boost notre vitesse. On avance à 5 nœuds. A nouveau, bruit étrange et odeur de « cramé ». Jhe constate avec effroit que l’arbre d’hélice tourne sans le tourteau ! Je ne suis pas très callée en mécanique, mais suffisemment pour comprendre que ça signifie que ces deux parties de moteur sont déssolidarisée alors qu’elles sont sensée ne faire qu’un bloc ! Le problème, c’est que si l’axe continue à tourner comme ça tout seul, il risque de sortir du bateau, ce qui induirait une voie d’eau importante (NdJ : c'est comme avoir un trou de 2,2cm de diamètre dans la coque qui est difficilement accessible, donc difficilement rebouchable). Chose qu’il vaut mieux éviter à 80 miles du premier abris ! Surtout qu’on a pas croisé un seul bateau ces dernières 24 heures ! Enfin, on en est pas là, on se met à la cape (ça veut dire que pour une fois qu’il y a du vent, on est obligé de s’arrêter) et Jhe resserre le presse étoupe pour faire un étaux autour de cet axe ammovible. On se remet en route… ça semble sollutionner le problème pour l’instant, mais une sérieuse boule de stresse s’installe dans mon estomac !

Nuit de cargos
Cette journée sans pétole nous a permis d’avancer un peu, et on est à 50 miles des côtes lorsque la nuit tombe. On espère entammer notre dernière nuit en mer avant de toucher les Baléares. Le vent reste plus où moins avec nous, et dès qu’on avance à plus de 2 noeuds, on est content. Les lumières rouges et vertes des cargos apparaissent à l’horizon. Ouf, on est plus tout seuls, sans doute à portée de VHF de ces monstres des mers, et l’air de rien ça nous rassure. La lune rousse m’accompagne pour mon premier quart de nuit et se couche vers deux heure du matin. A nouveau, des nuages d’orage me cachent une partie des étoile, mais ils sont loin et sous le vent. Les cargos sont assez nombreux, on espère qu’ils nous repèrent sur leur détectuer radar, en tout cas, on les a à l’oeil.
Au lever du jour, on apperçoit la terre, et le vent s’en va (NdJ: à 20 milles des côtes...)!
La mer est plate, et une couverture nuageuse assez importante s’est dévellopée au dessus de notre tête. Tout ça s’annonce plutôt bien. Sauf que, en méditerranée, une couverture nuageuse n’est pas forcément associée à la présence de vent. Bientôt, il pleut et on n’avance plus d’un pouce. Au moins, il ne fait pas trop chaud ! Ok, Ok, on range les voiles et on va dormir, si c’est comme ça ! mais en même temps, on aimerait vraiment arriver. Jhe s’acharne à trouver le réglage le plus fin, et on finit par envoyer le Spi au bon plein histoire de se rapprocher de ce port qui nous tend les bras. Une demi heure plus tard, on affale le spi et on prend deux ris dans la grand voile sous un nuage de grain. Un quart d’heure après, on peut renvoyer le génois et lâcher les ris. On a l’impression de faire une régate, sauf qu’on avance avec une vitesse moyenne de 2 nœuds. Enfin, on se rapproche quand même pas mal des côtes. On essaie d’appeler les gardes côtes car on arrivera jamais au port (enclavé au fond d’une baie abritée) sans moteur, et on aurait besoin d’être remorqué. Mais ceux-ci ne répondent pas encore. On a à nouveau du réseau téléphonique et la première peronne qu’on a en ligne, c’est notre bon vieux Mao qui s’inquiétait de notre retard. Mais cette fois, il est trop loin pour venir nous sauver !
Finalement, à 20 heure, on se trouve à 4 miles du port, les gardes côtes viennent nous chercher et nous ammènent au quai des ferries, juste devant le chantier naval. Demain, c’est dimanche, on va pouvoir dormir avant de réfléchir à la suite des évènements !

3 commentaires:

  1. Ouf !
    C'est de l'aventure, ça !! Mais c'est mieux quand c'est fini.

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  2. je dois dire que je suis déçu par ce blog, au début il est présenté comme relatant des aventures à la voile et puis rapidement ça ne parle que de moteur, moi je trouve ça un peu scandaleux car le moteur, hé bien ce n'est pas de la voile; re-saisissez vous bon sang et arrêtez de nous parler de votre moteur...
    bises et vents,

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  3. c'est un peu comme tout, c'est ceux qui en parlent le moins qui en font le plus ;-).
    Et si on changeait de sujet de conversation ?

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